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loir ? Ici donc la notion de la liberté, dans le sens abstrait que la discussion précédente lui a donné et que j’ai prouvé être le seul acceptable, est entendue comme une simple négation de la nécessité, et notre problème est ainsi clairement posé. Mais c’est dans la conscience immédiate que nous avons à chercher les données nécessaires à sa solution, et nous examinerons jusqu’au bout le témoignage d& cette faculté avec toute l’exactitude possible, loin de nous contenter de trancher brutalement le nœud comme l’a fait Descartes, en émettant, sans prendre la peine de la justifier, l’affirmation suivante : « Nous avons une conscience si parfaite de la liberté d’indifférence qui est en nous, qu’il n’est rien qui nous soit connu avec plus de lucidité ni d’évidence. » (Princ. Phil, 1, § 41.) Leibniz lui-même a déjà fait ressortir ce qu’il y avait d’insuffisant dans une telle affirmation (Théod. 1, § 50, et III, § 292), lui qui, cependant, sur cette question, s’est montré comme un frêle roseau cédant à tous les vents ; car après les déclarations les plus contradictoires, il aboutit finalement à cette conclusion, que la volonté est, il est vrai, inclinée par les motifs, mais qu’ils ne la nécessitent pas. Il dit en effet : « Toutes les actions sont déterminées, et jamais indifférentes, parce qu’il y a toujours quelque raison inclinante, mais non toutefois nécessitante, pour qu’elles soient telles plutôt que