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définitions

même que les objets extérieurs viennent se présenter à elle, contient certaines formes nécessaires [à priori] de la connaissance, qui sont par suite autant de conditions de l’existence objective[1] des choses, c’est-à-dire de leur existence pour nous en tant qu’objets extérieurs : telles sont, comme on sait, le temps, l’espace, la causalité. Or, quoique ces formes de la perception extérieure résident en nous, elles n’ont pourtant pas d’autre but que de nous permettre de prendre connaissance des objets extérieurs en tant que tels, et dans une relation constante avec ces formes ; aussi n’avons-nous pas à les considérer comme appartenant au domaine de la conscience, mais bien plutôt comme de simples conditions de la possibilité de toute connaissance des objets extérieurs, c’est-à-dire de la perception objective.

En outre, je ne me laisserai pas abuser par le double sens du mot conscientia[2] employé dans l’énoncé de la question, et je me garderai de confondre avec la conscience proprement dite l’ensemble des instincts moraux de l’homme, désigné sous le nom de conscience morale ou de raison

  1. N’est-ce pas plutôt subjective qu’il faudrait dire ? Je n’ai pas osé changer le texte.
  2. En français et en latin, la confusion est possible, et l’on sait combien elle est fréquente. En allemand, on a les deux mots Gewissen et Bewustseyen, et en anglais conscience et consciousness, qui permettent d’éviter toute équivoque.