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définitions

implique, en sorte que je puisse la traiter d’une façon sommaire. Mais puisqu’elle se rapproche le plus par sa nature de la liberté physique, il a fallu, dans cette énumération, lui accorder la seconde place, comme plus voisine de celle-ci que la liberté morale.

3o J’aborderai donc tout de suite l’examen de la troisième espèce de liberté, la liberté morale qui constitue à proprement parler le libre arbitre, sur lequel roule la question de l’Académie Royale.

Cette notion se rattache par un côté à celle de la liberté physique, et c’est ce lien qui existe entre elles qui rend compte de la naissance de cette dernière idée, dérivée de la première, à laquelle elle est nécessairement très-postérieure. La liberté physique, comme il a été dit ne se rapporte qu’aux obstacles matériels, et l’absence de ces obstacles suffit immédiatement pour la constituer. Mais bientôt on observa, en maintes circonstances, qu’un homme, sans être empêché par des obstacles matériels, était détourné d’une action à laquelle sa volonté se serait certainement déterminée en tout autre cas, par de simples motifs, comme par exemple des menaces, des promesses, la perspective de dangers à courir, etc. On se demanda donc si un homme soumis à une telle influence était encore libre, ou si véritablement un motif contraire d’une force suffisante pouvait,