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ii


Il est essentiel, pour bien comprendre les conclusions du travail de Schopenhauer, de se faire une idée exacte de la doctrine de Kant sur la liberté. On la trouvera exposée et discutée avec uni talent dont l’éloge n'est plus à faire dans un chapitre spécial de la Morale de M. Janet. Puisque les traductions françaises de Kant sont très répandues, il nous a semblé inutile d’annexer à ce volume les deux importants passages auxquels nous avons renvoyé plus haut le lecteur. Mais nous avons pensé qu’il pourrait être intéressant d’en reproduire une analyse faite par Schopenhauer lui-même, dans sa dissertation sur le Fondement de la morale, p. 174-179. (Ce morceau, qui présente quelques longueurs, a été par endroits plutôt résumé que traduit.)


doctrine de kant sur le caractère intelligible et le caractère empirique. — théorie de la liberté.


Hobbes le premier, puis Spinoza et Hume, ainsi que Holbach dans son Système de la nature, et enfin Priestley, qui traita la question de la façon la plus exacte et la plus complète, avaient si complètement démontré et mis hors de doute l’absolue et rigoureuse nécessité des volitions, sous l'influence des motifs, qu’elle devait dès lors être comptée au nombre des vérités les plus solidement établies. L’ignorance et l’inculture seules pouvaient continuer à parler d’une liberté existant dans les actions individuelles de l’homme, d’un liberum arbitrium indifferentiæ. Kant, acceptant les arguments irréfutables de ses prédécesseurs, considéra la parfaite nécessité