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conclusion et considération plus haute

qu’il ne fait jamais que ce qu’il veut. Mais cela prouve seulement que ses actions sont l’expression pure de son essence individuelle. C’est ce que sentirait pareillement toute créature, même la plus infime, si elle devenait capable de sentir[1].

La liberté n'est donc pas supprimée par ma solution du problème, mais simplement déplacée et reculée plus haut, à savoir en dehors du domaine des actions individuelles, où l'on peut démontrer qu’elle n’existe pas, jusque dans une sphère plus élevée, mais moins facilement accessible à notre intelligence — c’est-à-dire qu’elle est transcendantale. Et telle est aussi la signification que je voudrais voir attribuer à cette parole de Malebranche : « La liberté est un mystère, » sous l’égide de laquelle la présente dissertation a essayé de résoudre la question proposée par l’Académie Royale.


FIN.
  1. Il y a là une idée profonde que Schopenhauer a évité de développer, sans doute parce qu’il reconnaissait qu’elle appartient en propre à Schelling et à Hegel. — « La liberté est la nécessité comprise. » (Hegel.) — « Tout être, aussitôt qu’il devient sujet, convertit la détermination en spontanéité, la nécessité en liberté. » (Schelling)