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conclusion et considération plus haute

plicité et d’une variété d’actions, lesquelles cependant, précisément à cause de l’unité primitive de la chose en soi qu’elles manifestent, doivent toutes être revêtues du même caractère, et paraître rigoureusement nécessitées par les différents motifs qui à chaque fois les provoquent et les déterminent individuellement. C’est pourquoi, dans le monde de l’expérience, la maxime Operari sequitur Esse (les actions sont conformes à l’essence) est une vérité qui ne souffre pas d’exceptions. Chaque chose agit conformément à sa nature et c’est par ses manifestations actives, sous la sollicitation des motifs, que sa nature nous est révélée. De même, tout homme agit conformément à ce qu’il est, et l’action conforme à sa nature est déterminée dans chaque cas particulier par l’influence nécessitante des motifs. La liberté, qui par suite ne peut pas exister dans l’Operari (l’Action), doit résider dans l’Esse (l’Être). C’est une erreur fondamentale, un hystéron protéron de tous les temps, d’attribuer la nécessité à l’Être et la liberté à l’Action : c’est le contraire qui est le vrai ; dans l’Être seul réside la liberté, mais dé l’Esse et des motifs l’Operari résulte nécessairement, et c’est par ce que nous faisons que nous reconnaissons nous-mêmes ce que nous sommes. C’est sur cette vérité, et non sur une prétendue liberté d’indifférence, que reposent la conscience de la responsabilité et la