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essai sur le libre arbitre

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En dehors de cette paraphrase des idées Kantiennes, les Considérations sur le libre arbitre ne contiennent rien d’instructif ou qui puisse nous donner des lumières nouvelles sur notre problème. C’est du reste ce qu’on peut prévoir dès le début en lisant la définition :« La liberté est le pouvoir de faire le bien ou le mal. » Une telle définition peut être bonne pour le catéchisme : mais en philosophie elle n’a pas de sens, et par suite elle ne peut conduire à rien. Car le bien et le mal sont loin d’être de ces notions simples (notiones simplices) qui, évidentes par elles-mêmes, n’ont besoin d’aucun commentaire, d’aucune définition précise, d’aucun fondement solide et rationnel. En somme, il n’y a qu’une petite partie de cette dissertation qui roule sur le libre arbitre : ce qu’on y trouve surtout, c’est la description minutieuse d’un Dieu avec lequel Monsieur le rédacteur (Verfasser) fait preuve d’une intime accointance, puisqu’il nous décrit même son origine ; il faut seulement regretter qu’il ne consacre pas un seul mot à nous apprendre par quels moyens il a formé cette liaison. Le commencement du livre est un tissu de sophismes, dont tout homme est capable de reconnaître la frivolité, pourvu qu’il ne se laisse pas éblouir par l’effronterie du ton avec lequel ils sont débités.