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mes prédécesseurs

que je ne compte point cependant parmi mes précurseurs.

Schelling a publié une paraphrase explicative de la doctrine souverainement importante de Kant dont j’ai fait l’éloge plus haut, dans son Examen de la question du libre arbitre. (P. 465-471.) Cette paraphrase, par la vivacité de son coloris, peut servir, mieux que l’exposition solide mais un peu sèche de Kant, à rendre la question accessible à un grand nombre de lecteurs. Du reste il ne m’est pas permis de parler de ce travail sans avertir, par respect pour la vérité et pour Kant, que Schelling, en y exposant une des doctrines les plus importantes et les plus dignes d’admiration, je dirai même la plus profondément pensée de toutes les théories de Kant, ne déclare nulle part ouvertement que le fond au moins des idées qu’il développe appartient à Kant : bien plus, il s’exprime de telle sorte que la majeure partie des lecteurs, auxquels le contenu des ouvrages longs et difficiles du grand homme n’est pas exactement présent à l’esprit, doivent s’imaginer qu’ils ont sous les yeux les propres pensées de Schelling. Un exemple choisi entre beaucoup d’autres démontrera combien le résultat a été conforme à l’intention de l’auteur. Aujourd’hui encore un jeune professeur de philosophie à Halle, M. Erdmann, dit dans son livre intitulé l’Âme et le corps (p. 101) : « Quoique