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essai sur le libre arbitre

de la nécessité philosophique. Celui que ne persuade pas ce livre, écrit dans un style clair et intelligible, doit avoir l’esprit véritablement paralysé par les préjugés. Pour en résumer les conclusions, j’ajouterai ici quelques extraits, que je cite d’après la seconde édition, Birmingham, 1782 :

Préface, P. XX. Il n’y a pas d’absurdité plus évidente pour mon intelligence que la notion de la liberté philosophique. — P. 26. Sans un miracle, ou l’intervention de quelque cause étrangère, nulle volition ni action d’aucun homme n’aurait pu être autrement qu’elle n’a été. — P. 37. Quoiqu’une inclination ou une affection quelconque de l’esprit soit une force qui diffère de la pesanteur, elle m’influence et agit sur moi avec autant de nécessité et de certitude que cette dernière force agit sur une pierre. — P. 43. Dire que la volonté se détermine elle-même, ne représente absolument aucune idée, ou plutôt implique une absurdité, à savoir qu’une détermination, qui est un effet, puisse se produire sans aucune espèce de cause. Car en dehors de toutes les choses qui tombent sous l’appellation commune de motifs, il ne reste vraiment rien du tout, qui puisse produire la détermination. Qu’un homme se serve de tous les mots qu’il voudra, il ne peut pas mieux concevoir comment nous pouvons parfois être déterminés par des motifs et parfois sans motifs, qu’il ne peut se figurer une ba-