Page:Schopenhauer - Essai sur le libre arbitre, 1880, trad. Reinach.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
essai sur le libre arbitre

2° Est-ce que la carrière écoulée de la vie d’un homme donné — étant admis que d’une part son caractère reste invariable, et de l’antre que les circonstances dont il a eu à subir l’influence soient déterminées nécessairement d’un bout à l’autre, et jusqu’à la plus infime, par des motifs extérieurs qui entrait toujours en jeu avec une nécessité rigoureuse, et dont la chaîne continue, formée d’une suite d’anneaux tous également nécessaires, se prolonge à l’infini — est-ce que cette carrière, en un point quelconque de son parcours, dans aucun détail, aucune action, aucune scène, aurait pu être différente de ce qu’elle a été ? — Non, est la réponse conséquente et exacte.

Le résultat de ces deux principes est celui-ci : Tout ce qui arrive, les plus petites choses comme les plus grandes, arrive nécessairement. Quidquid fit, necessario fit.

Celui qui se récrie à la lecture de ces principes montre qu’il a encore quelque chose à apprendre et quelque chose à oublier : mais il reconnaîtra ensuite que cette croyance à la nécessité universelle est la source la plus féconde en consolations et la meilleure sauvegarde de la tranquillité de l’âme. — Nos actions ne sont d’ailleurs nullement un premier commencement, et rien de véritablement nouveau ne parvient en elles à l’exis-