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essai sur le libre arbitre

en jeu avec une exactitude rigoureuse. Ainsi encore les explications de la physiologie présupposent la force vitale, qui réagit dans les phénomènes vitaux sous l’influence d’excitations spéciales, intérieures et extérieures. Il en est de même pour toutes les sciences. Il n’est point jusqu’aux causes dont s’occupe la science si claire de la mécanique, comme la poussée et la pression, qui ne présupposent l’impénétrabilité, la cohésion, la rigidité, la dureté, l’inertie, la pesanteur, l’élasticité, propriétés naturelles des corps qui dérivent des forces irréductibles dont nous avons parlé plus haut. Il s’en suit que les causes en général ne déterminent jamais que le quando et le ubi des manifestations de certaines forces originelles, impénétrables, sans lesquelles elles n’existeraient pas en tant que causes, c’est-à-dire en tant que forces actives, produisant nécessairement certains effets particuliers.

Ce qui est vrai des causes dans le sens le plus étroit du mot, ainsi que des excitations, l’est également des motifs, puisque la motivation ne diffère pas essentiellement de la causation en général, mais n’en est qu’une forme particulière, à savoir la causation qui opère par l’intermédiaire de l’entendement. Ici encore la cause ne fait que provoquer la manifestation d’une force irréductible à les forces plus simples, et qu’il faut admettre