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la volonté devant la perception extérieure

ne souffre pas d’exception, l’homme doit aussi être soumis à cette loi. C’est cette vérité que proclame la raison pure à priori, que confirme l’analogie qui persiste dans toute la nature, que l’expérience de tous les jours démontre à chaque instant, pourvu qu’on ne se laisse pas tromper par l’apparence. Ce qui produit l’illusion c’est que, tandis que les êtres de la nature, s’élevant de degré en degré, deviennent de plus en plus compliqués, et que leur réceptivité, naguère purement mécanique, se perfectionne graduellement jusqu’à devenir chimique, électrique, excitable, sensible, et s’élève enfin jusqu’à la réceptivité intellectuelle et rationnelle, la nature des causes influentes doit en même temps suivre cette gradation d’un pas égal, et se modifier à chaque degré en rapport avec l’être qui doit subir leur action ; c’est pourquoi aussi les causes paraissent de moins en moins palpables et matérielles, de sorte qu’à la fin elles ne sont plus visibles à l’œil, mais seulement accessibles à la raison, qui, dans chaque cas particulier, les présuppose avec une confiance inébranlable et les découvre aussi après les recherches suffisantes. Car ici les causes agissantes se sont élevées à la hauteur de simples pensées, qui se trouvent en lutte avec d’autres pensées, jusqu’à ce que la plus puissante porte le premier coup et mette la volonté en mouvement ; toutes opérations qui se poursui-