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APRIORITÉ DE LA NOTION DE CAUSALITÉ

gagné l’approbation du professeur Rosas, à Vienne, qu’elle l’a induit à devenir plagiaire ; pour plus de renseignements, on pourra consulter mon ouvrage intitulé La volonté dans la nature, p. 19 (de la première édition allemande). Par contre, les professeurs de philosophie n’ont pas plus pris en considération cette vérité, que tant d’autres vérités élevées et importantes que durant toute ma vie je me suis donné pour tâche d’exposer, afin d’en faire le patrimoine immuable du genre humain. Tout cela n’est pas à leur goût ; cela ne trouve pas place dans leur boutique ; cela ne conduit à aucune théologie ; cela n’est même pas propre à dresser convenablement les étudiants pour servir des vues politiques ; bref, ils ne veulent rien apprendre de moi et ne voient pas tout ce que j’aurais à leur enseigner : à savoir, tout ce que leurs fils, petits-fils et arrière-petit-fils apprendront de moi. Au lieu de cela, chacun d’eux s’installe à l’aise devant son pupitre pour enrichir le public de ses propres idées dans de volumineuses élucubrations métaphysiques. Si pour y être autorisé il suffit d’avoir ses cinq doigts, alors ils le sont. Mais, en vérité, Machiavel a raison quand il dit, — ainsi que Hésiode (ἔργα, 293) l’avait fait avant lui : « Il y a trois espèces de têtes : d’abord celles qui voient et comprennent les choses par leurs propres ressources ; puis celles qui connaissent le vrai quand d’autres le leur exposent ; enfin il y a celles qui ne sont capables ni de l’un ni de l’autre. (Il Principe, ch. 22.)

Il faut être abandonné de tous les dieux pour s’imaginer que ce monde perceptible, placé là au dehors, tel qu’il