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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

quel qu’il soit, apparaît dans la nature sous trois formes diverses : comme cause, dans le sens plus restreint du mot, comme excitation, et comme motif. C’est même sur cette diversité que repose la différence réelle et essentielle entre les corps inorganiques, la plante et l’animal, et non pas sur les caractères anatomiques extérieurs, et encore moins sur les caractères chimiques.

La cause dans son sens le plus restreint est celle après laquelle exclusivement se produisent dans le règne inorganique les changements, c’est-à-dire ces effets qui forment l’objet de la mécanique, de la physique et de la chimie. A la cause seule s’applique la troisième loi fondamentale de Newton : « L’action est égale à la réaction » ; cette loi signifie que l’état précédent (la cause) subit un changement qui équivaut en grandeur au changement que cet état a produit (l’effet). En outre, dans ce mode de causalité seul, l’intensité, du résultat est toujours rigoureusement mesurée sur l’intensité de la cause, de façon que celle-ci étant connue, on peut en déduire l’autre, et vice versa.

La seconde forme de la causalité, c’est l’excitation ; elle régit la vie organique comme telle, ainsi donc la vie des plantes, et la partie végétative, par conséquent inconsciente, de la vie animale, partie qui est également une vie de végétal. Ce qui la distingue c’est l’absence des caractères de la première forme. Donc ici l’action n’est pas égale à la réaction, et l’intensité de l’effet, à tous ses degrés, n’a nullement une marche conforme à celle de l’intensité de la cause : bien plus, il peut se faire que par