plus modernes, nous la trouvons énoncée d’ordinaire d’une tout autre manière, plus abstraite, et par suite conçue en termes plus larges et plus vagues. On y trouve que la cause est tantôt ce par quoi une autre chose arrive à être, tantôt ce qui produit une autre chose ou la rend réelle, etc. ; Wolf, par exemple, dit : « Causa est principium, a quo existentia, sive actualitas, entis alterius dependet ; » et cependant il ne s’agit évidemment, en fait de causalité, que des changements dans la forme de la matière indestructible et incréée : naître, arriver à l’existence, est à proprement parler une impossibilité pour ce qui n’a jamais été auparavant. Peut-être est-ce l’obscurité de la pensée, en grande partie, qui produit ces maniérés trop larges, bizarres et fausses, de comprendre le rapport de causalité ; mais il est indubitable qu’il s’y mêle aussi de l’intention, et nommément l’intention théologique, qui dès longtemps coquette avec la démonstration cosmologique, laquelle est toute disposée, pour lui complaire, à falsifier même les vérités transcendantales à priori (ce lait nourricier de l’entendement humain). Cette intention se manifeste le plus nettement dans l’ouvrage de Thomas Brown, On the relation of cause and effect ; ce livre, qui compte 460 pages, dont la 4e édition remonte déjà à 1835 et qui en a eu encore probablement plusieurs autres depuis, traite assez bien ce sujet, malgré sa fatigante prolixité de prédicateur en chaire. Or cet Anglais a parfaitement reconnu que ce sont toujours des changements que concerne la loi de causalité, et que par conséquent tout effet est un changement ; — mais ce qu’il se garde de
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DE LA PREMIÈRE CLASSE D'OBJETS POUR LE SUJET