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DE LA PREMIÈRE CLASSE D'OBJETS POUR LE SUJET

objets. C’est ainsi que, dans l’exemple cité, la fuite du nuage peut bien être appelée la cause de l’inflammation, comme ayant eu lieu après l’opération de diriger le miroir vers l’objet ; mais cette opération aurait pu s’effectuer après le passage du nuage, l’accès de l’oxygène également : ce sont donc de semblables déterminations fortuites de temps, qui, à ce point de vue, doivent décider quelle est la cause. En y regardant de près, nous venions en revanche que c’est l’état tout entier qui est la cause de l’état suivant, et qu’alors il est en somme indifférent dans quel ordre de temps ces déterminations ont opéré leur jonction. Ainsi donc, l’on peut à la rigueur, dans tel ou tel cas particulier, appeler cause ϰατʹ ἐξχήν la dernière circonstance déterminante d’un état, vu qu’elle vient compléter le nombre des conditions requises et qu’en conséquence c’est son apparition qui constitue, dans le cas donné, le changement décisif ; mais quand on examine le cas dans son ensemble, c’est l’état complet, celui qui entraîne l’apparition de l’état suivant, qui doit seul être considéré comme la cause. Les diverses circonstances déterminantes qui prises ensemble complètent et constituent la cause peuvent être appelées les moments de la cause (ursächliche Momente) ou bien encore les conditions : la cause peut donc se décomposer en conditions. Par contre, il est tout à fait faux d’appeler, non pas l’état, mais les objets, une cause ; par exemple, dans le cas déjà cité, il y en a qui nommeraient le miroir ardent la cause de l’inflammation ; d’autres le nuage, ou le soleil, ou l’oxygène, et ainsi de suite, arbitrairement et sans règle. Il est absurde de dire