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RAISON SUFFISANTE DU DEVENIR

affaire qu’à eux. Tout effet est, au moment où il se produit, un changement, et, par là même qu’il ne s’est pas produit avant, il nous renvoie infailliblement à un autre changement qui l’a précédé et qui est cause par rapport au premier ; mais ce second changement, à son tour, s’appelle effet par rapport à un troisième dont il a été nécessairement précédé lui-même. C’est là la chaîne de la causalité ; nécessairement, elle n’a pas de commencement. Par suite, tout état nouveau qui se produit doit résulter d’un changement qui l’a précédé ; par exemple, dans le cas ci-dessus, l’inflammation du corps doit avoir été précédée d’une adjonction de calorique libre, d’où a du résulter l’élévation de température : cette adjonction a dû elle-même avoir pour condition un changement précédent, par exemple la réflexion des rayons solaires par un miroir ardent ; celle-ci, à son tour, peut-être par la disparition d’un nuage qui voilait le soleil ; cette dernière, par le vent ; celui-ci, par une inégalité de densité dans l’air, qui a été amenée par d’autres conditions, et ainsi in infinitum. Lorsqu’un état, pour être la condition de la production d’un nouvel état, renferme toutes les conditions déterminantes sauf une seule, on a coutume d’appeler celle-ci, quand elle apparaît également, donc la dernière en date, la cause ϰατʹ ἐξχήν ; ceci est juste, en ce sens que l’on s’en tient dans ce cas au dernier changement, qui en effet est décisif ici ; mais, cette réserve une fois faite, remarquons qu’un caractère déterminant dans l’état causal n’a, par le lait d’être le dernier, aucune supériorité sur les autres pour établir d’une manière générale l’union causale entre les