Page:Schopenhauer - De la quadruple racine, 1882, trad. Cantacuzène.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
DE LA PREMIÈRE CLASSE D'OBJETS POUR LE SUJET

§20. — Du principe de la raison suffisante du « devenir ».

Dans la classe d’objets pour le sujet dont nous nous occupons maintenant, le principe de la raison suffisante se présente comme loi de causalité, et, comme tel, je l’appelle « principium rationis sufflcientis fiendi. » C’est par lui que tous les objets, qui apparaissent dans la représentation collective formant l’ensemble de la réalité expérimentale, sont rattachés entre eux en ce qui regarde leur passage successif d’un état à un autre, par conséquent dans la direction du cours du temps.

Voici quel est ce principe. Lorsqu’un ou plusieurs objets réels passent à un nouvel état, celui-ci doit avoir été précédé d’un autre auquel il succède régulièrement, c’est-à-dire toutes les fois que le premier existe. Se « suivre » ainsi s’appelle « s’ensuivre » ; le premier état se nomme la cause, et le second l’effet. Lorsque, par exemple, un corps s’allume, il faut que cet état d’inflammation ait été précédé d’un état : 1° d’affinité pour l’oxygène, 2° de contact avec ce gaz, 3° d’un certain degré de température. Comme l’inflammation devait immédiatement se produire dès que cet état était présent, et comme elle ne s’est produite qu’en ce moment, il faut donc que cet état n’ait pas toujours été et qu’il ne se soit produit qu’en cet instant même. Cette production d’un état s’appelle un changement. Aussi la loi de la causalité se rapporte-t-elle exclusivement à des changements et n’a