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DE LA PRÉSENCE IMMÉDIATE DES REPRÉSENTATIONS

rien trouver au-delà d’un sujet et d’un objet, d’un être percevant et d’une perception, et qu’en conséquence lorsque dans un objet nous avons fait abstraction de sa qualité d’objet (du fait pour lui d’être perçu, « Vorgestelltwerden » ), c’est-à-dire lorsque nous supprimons un objet comme tel, tout en voulant mettre quelque chose, nous ne pouvons trouver que le sujet. Si, à l’inverse, nous faisons abstraction de la qualité du sujet comme tel, tout en ne voulant pas ne rien conserver, c’est le cas opposé qui se présente et qui donne naissance au matérialisme.

Spinoza, qui n’avait pas tiré la chose au clair et dont les notions sur ce sujet étaient encore confuses, avait cependant très bien compris que la relation nécessaire entre le sujet et l’objet est tellement essentielle en eux qu’elle est la condition absolue de leur conception possible ; c’est pourquoi il les présente comme étant une identité du principe connaissant et du principe étendu, dans la matière qui seule existe.

Observation. Je dois faire remarquer, à l’occasion de l’explication générale contenue dans ce paragraphe, que ; lorsque dans le cours de cette dissertation j’emploierai, pour abréger et être plus facilement compris, l’expression d’objets réels, il ne faudra par là entendre rien autre chose que les représentations intuitives, jointes en un ensemble pour former la réalité empirique, laquelle en soi reste toujours idéale.