Page:Schopenhauer - De la quadruple racine, 1882, trad. Cantacuzène.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
DE LA PRÉSENCE IMMÉDIATE DES REPRÉSENTATIONS

§ 19. — De la présence immédiate des représentations.

Malgré cette union des formes du sens intime et du sens externe, opérée par l’entendement à l’effet de la représentation de la matière et, par là, d’un monde extérieur consistant, le sujet ne connaît immédiatement que par le sens intime, vu que le sens externe est à son tour objet pour l’intime qui perçoit de nouveau les perceptions du premier : le sujet reste donc soumis, à l’égard de la présence immédiate des représentations dans sa conscience, aux seules conditions du temps en sa qualité de forme du sens intime[1] : de toutes ces considérations il résulte qu’il ne peut y avoir, à la fois, de présente pour le sujet, qu’une seule représentation distincte, bien qu’elle puisse être très complexe. L’expression : les représentations sont immédiatement présentes, signifie que nous ne les connaissons pas seulement dans cette union du temps et de l’espace, accomplie par l’entendement (qui est une faculté intuitive, ainsi que nous le verrons tout à l’heure) à l’effet de produire la représentation collective de la réalité empirique, mais que nous les connaissons comme représentations du sens, intime, dans le temps pur, et cela au point mort situé entre les deux directions divergentes du temps, point que l’on appelle le présent. La condition indiquée dans le précédent paragraphe, pour la présence

  1. Comp. Critique de la R. P., Notions élémentaires, sect. II, conséquences a, d, not. b et c (page 33 de la 1re édition allemande et p. 49 de la 5e). (Note de Schop.)

    Voyez la traduction de M. Tissot, p.52. (Le trad.)