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DE LA PREMIÈRE CLASSE D'OBJETS POUR LE SUJET

commencement, qui constitue notre réalité empirique. Mais comme cette dernière, ainsi que cela résulte de la doctrine de Kant, n’enlève pas à ces représentations leur caractère d’idéalité transcendantale, nous ne les considérons ici, où il s’agit des éléments formels de la connaissance, qu’en leur qualité de représentations.

§ 18. — Esquisse d’une analyse transcendantale de la réalité empirique.

Les formes de ces représentations sont celles du sens intime et des sens externes : savoir le temps et l’espace. Mais ce n’est que remplies que ces formes sont perceptibles. Leur perceptibilité, c’est la matière, sur laquelle je vais revenir tout à l’heure, et aussi au § 21.

Si le temps était la forme unique de ces représentations, il n’y aurait pas d’existence simultanée (Zugleichseyn) et partant rien de permanent et aucune durée : Car le temps n’est perceptible qu’autant qu’il est rempli, et sa continuité ne l’est que par la variation de ce qui le remplit. La permanence d’un objet ne peut donc être reconnue que par le contraste du changement d’autres objets coexistants. Mais la représentation de la coexistence est impossible dans le temps seul ; elle est conditionnée, pour l’autre moitié, par la représentation de l’espace, vu que dans le temps seul tout se succède et que dans l’espace tout est juxtaposé ; elle ne peut donc résulter que de l’union du temps et de l’espace.

Si d’autre part l’espace était la forme unique des représentations