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SPINOZA

in eadem poterimus invenire, quod ipsam possit destruere. » Cela signifie : Une notion ne pouvant rien contenir qui soit en contradiction avec sa définition, c’est-à-dire avec la somme de ses attributs, une chose non plus ne peut rien renfermer qui puisse devenir la cause de sa destruction. Cette opinion est poussée jusqu’à sa limite extrême dans la seconde et un peu longue démonstration de la onzième proposition, où il confond la cause qui pourrait détruire ou supprimer un être avec une contradiction que renfermerait la définition de cet être et qui par suite annulerait celle-ci. La nécessité de confondre une cause avec un principe de connaissance devient ici tellement impérieuse, que Spinoza ne peut jamais dire causa, ou bien ratio seulement, mais qu’il est obligé de mettre chaque fois ratio siu causa ; et dans le passage en question cela lui arrive huit fois, pour masquer la fraude. Descartes en avait déjà fait de même dans l’axiome que nous avons rapporté plus haut.

Ainsi le panthéisme de Spinoza n’est donc au fond que la réalisation de la preuve ontologique de Descartes. Il commence par adopter la proposition ontothéologique de Descartes, citée ci-dessus : Ipsa naturae Dei immensitas est causa sive ratio, propter quam nulla causa indiget ad existendum ; au lieu de Deus, il dit (au commencement) toujours substantia ; il conclut : Substantiæ essentia necessario involvit existentiam, ergo erit substantia causa sui. (Eth., P. I, prop. 7.) Ainsi, le même argument par lequel Descartes avait prouvé l’existence de Dieu lui sert à prouver l’existence absolument nécessaire