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SPINOZA

jugements analytiques qui s’appuient sur elle et en peuvent être déduits est identiquement la même que celle qui existe entre ce que Spinoza appelle Dieu et le monde, ou plus exactement entre la substance et ses innombrables accidents : (« Deas, sive substantia constans infinitis attributis. » Eth., I, pr. 11. — « Deus, sive omnia Dei cittributa. ») C’est donc le rapport du principe de connaissance à sa conséquence ; tandis que le véritable théisme (celui de Spinoza ne l’est que de nom) adopte le rapport de cause à effet, dans lequel le principe diffère et reste distinct de la conséquence, non pas comme dans l’autre uniquement par le point de vue auquel on l’envisage, mais essentiellement et effectivement, c’est-à-dire en soi et toujours. Car c’est une pareille cause de l’univers, avec la personnalité en plus, que désigne le mot Dieu employé honnêtement. En revanche, un Dieu impersonnel est une contradictio in adjecto. Mais Spinoza, dans le rapport qu’il établit, voulant conserver le mot Dieu pour désigner la substance, qu’il appelle même nommément cause du monde, ne pouvait y parvenir qu’en confondant entièrement les deux rapports dont nous avons parlé ; par conséquent aussi, la loi du principe de connaissance avec celle de la causalité. Pour le démontrer, parmi d’innombrables passages, je ne rappellerai que les suivants : « Notandum dari necessario unius cujusque rei existentis certam aliquam causam, propter, quam existit. Et notandum, hanc causam, propter quam aliqua res existit, vel debere contineri in ipsa natura et definitione rei existentis (nimirum quod ad ipsius naturam