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DEUX RÉSULTATS PRINCIPAUX

raison et conséquence, de principe et déduction, etc., sont employés dans un sens bien plus vague encore et absolument transcendantal.

Mon objection contre cet emploi indéterminé du mot raison, ainsi que du principe de la raison suffisante en général, est la suivante, qui constitue en même temps le second résultat, étroitement uni au premier, que fournit la présente dissertation sur l’objet principal dont elle traite. Il est constant que les quatre lois de notre faculté de connaissance, dont la formule commune est le principe de la raison suffisante, par leur caractère commun et par la circonstance que tous les objets pour le sujet sont répartis entre elles, se manifestent comme établies par une organisation primitive identique et par une propriété intime de notre faculté de connaissance, apparaissant sous forme de sensibilité, d’entendement et de raison. Cela est tellement vrai, que, si l’on concevait qu’il pût surgir une cinquième classe d’objets, il faudrait également admettre que le principe de la raison suffisante se manifesterait, pour cette classe, sous un nouvel aspect. Néanmoins il ne nous est pas permis de parler d’une raison absolue, et il n’existe pas plus une raison en général qu’il n’existe un triangle en général, si ce n’est sous forme de notion abstraite, obtenue discursivement par la pensée et qui, à titre de représentation extraite d’une représentation, n’est qu’un moyen d’embrasser par l’esprit beaucoup de choses en une seule. De même que tout triangle doit être acutangle, obtus ou rectangle, équilatéral, isocèle ou scalène, de même (puisque nous n’avons que