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OBSERVATIONS GÉNÉRALES ET RÉSULTATS

d’être à l’espace, il faudrait établir la loi de causalité, puis celle de motivation et, tout à la fin, le principe de la raison suffisante de connaissance ; car les autres se rapportent à des représentations directes, tandis que ce dernier se rapporte à des représentations extraites de représentations.

La vérité que nous avons énoncée plus haut, en disant que le temps était un canevas ne contenant que l’essence de toutes les formes du principe de la raison, nous explique la clarté absolue et la parfaite exactitude de l’arithmétique, à laquelle, sous ce rapport, aucune autre science ne saurait se comparer. Toutes, les sciences reposent, il est vrai, sur le principe de la raison, puisqu’elles ne sont d’un bout à l’autre que des enchaînements de principes et de conséquences. Mais la série des nombres est la suite simple et unique des raisons d’être et de leurs conséquences dans le temps ; rien n’est laissé en dehors, aucun rapport ne reste indéterminé, et c’est cette simplicité parfaite qui fait qu’elle ne laisse rien à désirer en fait de précision, de rigueur apodictique et de clarté. À cet égard, toutes les sciences lui sont inférieures, même la géométrie, parce qu’il naît tant de rapports des trois dimensions de l’espace, qu’il est trop difficile, soit à la perception pure, soit à la perception empirique, d’en avoir même un aperçu collectif ; aussi les problèmes plus compliqués de la géométrie ne se résolvent-ils que par le calcul ; la géométrie s’empresse de se fondre dans l’arithmétique. Je n’ai pas besoin de montrer combien les autres sciences renferment souvent d’éléments qui les rendent obscures.