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DE LA QUATRIÈME CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

§ 44. — Influence de la volonté sur la connaissance.

Ce n’est pas en réalité sur la causalité, c’est sur l’identité, dont nous avons traité au § 42, entre le sujet connaissant et le sujet voulant, que repose l’influence exercée par la volonté sur la connaissance, et qui consiste en ce qu’elle oblige cette dernière à rappeler des représentations qu’elle a déjà eues, à porter en général son attention sur telle ou telle chose et à évoquer une série quelconque de pensées. En cela aussi, c’est la loi de la motivation qui la détermine et qui en fait aussi le guide caché de ce que l’on appelle l’association des idées, à laquelle j’ai consacré un chapitre spécial (le 14e) dans le 2e volume du Monde comme volonté et représentation, et qui elle-même n’est autre chose que l’application du principe de la raison, sous ses quatre aspects, à la marche subjective des idées, c’est-à-dire à la présence des représentations dans la conscience. Mais c’est la volonté de l’individu qui met tout le mécanisme en mouvement, en stimulant l’intellect, conformément à l’intérêt de la personne, c’est-à-dire à ses desseins individuels, à rapprocher de ses représentations présentes toutes celles qui leur sont unies logiquement, ou analogiquement, ou bien par des rapports de voisinage soit dans l’espace soit dans le temps. L’activité de la volonté est ici tellement immédiate que le plus souvent nous ne la reconnaissons pas clairement, et tellement prompte que parfois nous ne savons même pas à quelle occasion nous avons évoqué telle idée ; et il nous semble