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CHAPITRE II

EXPOSÉ SOMMAIRE DE TOUT CE QUI A ÉTÉ ENSEIGNÉ JUSQU’ICI DE PLUS IMPORTANT SUR LE PRINCIPE DE LA RAISON SUFFISANTE.


§ 6. — Première énonciation du principe et distinction entre deux de ces significations.

L’énonciation abstraite, plus ou moins précise, d’un principe aussi primordial de toute connaissance, a dû être formulée dès longtemps ; aussi serait-il difficile et sans grand intérêt de montrer où l’on en peut trouver la première mention. Platon et Aristote ne le posent pas encore comme un principe capital ; mais ils l’énoncent à plusieurs reprises comme une vérité certaine par elle-même. Platon, par exemple, dit avec une naïveté qui, à côté des recherches critiques des temps modernes, apparaît comme l’état d’innocence en regard de celui de la connaissance du bien et du mal : « Ἀναγκᾶιον, πάντα τὰ γιγνόμενα διὰ τίνα ἀιτίαν γίγνεσθαι· πῶς γὰρ ἄν χωρίς τοῦτων γίγνοιτο. » (Necesse est, quæcumque fiunt, per aliquam causam fieri : quomodo enim absque ea fierent ? Phileb., p. 240,