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DE LA QUATRIÈME CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

veux, » est synthétique à posteriori et fondée sur l’expérience ; cette expérience, dans le cas qui nous occupe, est intime (c’est-à-dire s’effectuant seulement dans le temps). C’est en ce sens que le sujet de la volonté est pour nous un objet. Quand nous regardons au dedans de nous, nous nous trouvons toujours voulant. Mais la volonté a infiniment de degrés, depuis le plus faible désir jusqu’à la passion ; et j’ai souvent expliqué, entre autres dans les Problèmes fondamentaux de l’éthique, et ailleurs encore, que non seulement toutes les émotions, mais aussi tous les mouvements intérieurs qui sont compris dans le vaste concept de sentiment, sont des états de la volonté.

Quant à l’identité entre le sujet de la volition et celui de la connaissance, qui fait (nécessairement même) que le mot « moi » les renferme et les désigne tous deux, elle est le nœud de l’univers, et partant, elle est inexplicable. Car nous ne pouvons saisir que les rapports entre les objets ; et, pour que parmi les objets il y en ait deux qui soient identiques, il faut qu’ils soient des parties d’un tout. Mais ici, où il est question du sujet, les lois qui règlent la connaissance des objets ne sont plus applicables, et la réelle identité de ce qui connaît avec ce qui est connu comme voulant, c’est-à-dire du sujet avec l’objet, est immédiatement donnée. Et tout homme qui se rendra bien compte combien cette identité est inexplicable sera d’accord avec moi pour l’appeler le miracle par ϰατʹ ἐξοχήν.

Dans la première classe de représentations, nous avons trouvé que la faculté subjective correspondante était l’entendement ;