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SUJET DE LA VOLITION

C’est du fait d’avoir méconnu ce rapport qu’est née la querelle du réalisme et de l’idéalisme ; plus tard, elle s’est présentée comme dispute entre l’ancien dogmatisme et les adeptes de Kant, ou bien entre l’Ontologie et la Métaphysique d’une part, et l’Esthétique et la Logique transcendantales d’autre part ; cette dernière dispute a été provoquée par l’ignorance de ce rapport dans l’étude de la première et de la troisième classe de représentations que j’ai énumérées, de même que la querelle des Réalistes et des Nominaux, au moyen âge, est née de ce qu’ils l’ont méconnu à l’égard de notre seconde classe de représentations.

§ 42. — Sujet de la volition.

D’après ce que nous avons exposé ci-dessus, le sujet connaissant ne peut jamais être connu, jamais être objet ou représentation. Comme néanmoins nous ne possédons pas uniquement la connaissance du monde extérieur (en vertu de l’intuition sensible), mais aussi une connaissance intérieure de nous-mêmes ; comme il est de l’essence de toute connaissance de supposer un sujet qui connaît et un objet qui est connu, il s’ensuit que ce que nous connaissons en nous, en tant qu’objet de connaissance, ce n’est pas le sujet qui connaît, mais le sujet qui veut, le sujet de la volition, la volonté. En partant de la connaissance, on peut dire que la proposition : « Je connais, » est analytique, et qu’au contraire celle-ci : « Je