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INTRODUCTION

précisément toute science d’un simple agrégat, c’est que chaque connaissance y dérive d’une connaissance antérieure, comme de son principe. Aussi Platon dit-il : « Καί γάρ αί δόξαι αληθείς οὕ πολλοῦ ἄξιαι εῖσιν, ἕως ἄν τἱς αὐτάς δήσῃ αἰτίας λογισμῷ (Etiam opiniones veræ non multi pretii sunt, donec quis illas ratiocinatione a causis ducta liget.Meno, p. 385, éd. Bipont.) En outre, presque toutes les sciences renferment des notions de causes dont on détermine les effets, et d’autres notions sur la nécessité des conséquences, qui découlent d’un principe, ainsi que nous le verrons dans le cours de cette étude ; c’est ce qu’Aristote exprimait ainsi : « πᾶσα ἐπιστήμη διανοητιϰὴ, ἤ ϰαὶ μετέχουσά τι διανοίας περὶ αἰτίας ϰαὶ ἀρχάς ἐστι. » (Omnis intellectualis scientia, sive aliquo modo intellectu participans, circa causas et principia est.Métaph., V, 1.) — Or, comme nous avons admis à priori que tout a une raison d’être qui nous autorise à chercher partout le pourquoi, on peut dire à bon droit que le pourquoi est la source de toute science.

§5. — Du principe lui-même.

Nous montrerons plus loin que le principe de la raison suffisante est une expression commune à plusieurs connaissances données à priori. Néanmoins, il faut bien pour le moment le formuler d’une manière quelconque. Je choisis la formule de Wolf, comme étant la plus générale : « Nihil est sine ratione cur potins sit, quam non sit. » Rien n’est sans une raison d’être[1].

  1. J'ai traduit littéralement la version libre de Schopenhauer : « Nichts ist ohne Grund warum es sei. » N.d.T.