Page:Schopenhauer - De la quadruple racine, 1882, trad. Cantacuzène.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
DE LA TROISIÈME CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

le conditionné découle nécessairement de sa condition ; dans l’exemple donné, elle nous montre l’égalité des côtés résultant de l’égalité des angles : la raison d’être nous donne la relation, tandis que le principe de connaissance ne nous apprend que la coexistence. On pourrait même prétendre que la méthode habituelle de démonstration nous donne seulement la conviction que l’égalité des angles et celle des côtés coexistent dans la figure présente, tracée pour l’exemple, mais nullement qu’elles coexistent toujours ; on peut soutenir que la conviction de cette vérité (la relation nécessaire n’étant pas démontrée) repose sur une simple induction, qui se fonde sur ce que, pour chaque figure que l’on trace, il en est de même. Il est certain que ce n’est que pour des propositions aussi simples que la 6e d’Euclide, que la raison d’être peut être vue aussi facilement. Néanmoins, je suis certain qu’elle pourrait être montrée même dans les théorèmes les plus compliqués, et qu’il y a moyen de ramener la certitude de la proposition à la simple intuition intellectuelle. En outre, chacun de nous a conscience à priori de la nécessité d’une semblable raison d’être pour tout rapport dans l’espace, tout comme de la nécessité d’une cause pour tout changement. Incontestablement, dans les théorèmes compliqués, cette raison sera très difficile à exposer, et ce n’est pas ici le lien pour nous livrer à de laborieuses recherches géométriques. Je veux cependant essayer, pour mieux faire comprendre ma pensée, de ramener à sa raison d’être une proposition pas trop compliquée, mais dont la raison n’est