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DE LA TROISIÈME CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

temps n’a qu’une seule dimension, et par conséquent ne peut présenter aucune variété dans ses relations. Chaque instant est nécessité par le précédent ; ce n’est que par celui-ci qu’on peut arriver à l’autre ; ce n’est qu’en tant que l’instant précédent a été, qu’il s’est écoulé, que l’instant présent est. C’est sur cet enchaînement des parties du temps que repose toute numération, et les mots qu’elle emploie ne servent qu’à marquer les différents pas de la succession ; c’est là également la base de toute l’arithmétique, qui n’enseigne absolument pas autre chose que des méthodes abrégées de numération. Tout nombre présuppose les nombres qui le précèdent comme ses raisons d’être : je ne puis arriver au dix que par tous les nombres qui le précèdent, et ce n’est qu’en vertu de la connaissance de la raison d’être que je sais que, là où il y a dix, il y a aussi huit, six, quatre.

§ 39. — Géométrie.

De même, toute la géométrie repose sur l’enchaînement de la position des parties de l’espace. Elle consisterait par conséquent dans la connaissance de cet enchaînement ; mais comme cette connaissance n’est possible, ainsi que nous l’avons dit plus haut, que par l’intuition et non au moyen de simples notions abstraites, toute proposition géométrique devrait être ramenée à la perception intuitive, et la démonstration consisterait à faire bien clairement ressortir l’enchaînement qu’il s’agit de saisir ; on