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PRINCIPE DE LA RAISON DE L’ÊTRE

faits, que la différence entre le gant gauche et le droit ne peut se comprendre qu’intuitivement. Or ce que j’appelle le principe de la raison suffisante de l’être (principium rationis sufficientis essendi), c’est la loi suivant laquelle, au point de vue de ces rapports, les parties de l’espace et du temps se déterminent réciproquement. Nous en avons déjà donné un exemple au § 15, en parlant de la relation entre les côtés et les angles d’un triangle, et nous avons montré à cette occasion, qu’elle diffère aussi bien du rapport de cause à effet que de celui de principe de connaissance à conséquence ; c’est pourquoi la condition, dans ce cas, peut être appelée la raison d’être (ratio essendi). Il s’entend de soi que la compréhension d’une raison d’être peut devenir principe de connaissance, tout comme la compréhension de la loi de causalité et son application à un cas spécial constituent le principe de connaissance de l’effet : mais cela ne fait nullement disparaître la différence radicale qui existe entre la raison d’être, de devenir et de connaître. Dans beaucoup de cas, ce qui, sous un certain aspect de notre principe, est conséquence, sous tel autre aspect sera raison ; c’est ainsi que très souvent l’effet est le principe de connaissance de la cause. Par exemple, l’ascension du mercure dans le thermomètre, en vertu de la loi de causalité, est un effet de l’élévation de la température ; tandis que, en vertu de la loi du principe de connaissance, elle est un principe, le principe qui nous fait connaître l’élévation de la température, comme aussi le principe du jugement qui affirme cette vérité.