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LA SECONDE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

vient du dehors, ou finalement de la perception objectivé du monde matériel issue de la sensation. C’est cette connaissance intuitive, et empirique, quant à son étoffe, que la raison, la véritable raison transforme en notions générales, qu’elle fixe sensiblement au moyen des mots, et dans lesquelles elle trouve ensuite la matière pour opérer, à l’aide des jugements et des syllogismes, ces combinaisons infinies qui forment le tissu de notre monde intellectuel. La raison n’a donc aucun contenu matériel, mais purement formel ; c’est là l’objet de la logique, qui ne se compose que des formes et des règles pour les opérations de la pensée. Ce contenu matériel, la raison, en même temps qu’elle pense, doit absolument le prendre du dehors dans les perceptions intuitives que l’entendement a créées. C’est sur celles-ci que s’exercent ses fonctions en formant d’abord des idées abstraites, c’est-à-dire en éliminant certains attributs des choses, et en conservant d’autres qu’elle rassemble pour en former une notion abstraite. Mais, par cette opération, les idées perdent la faculté d’être perçues intuitivement, mais elles y gagnent en clarté générale et en facilité à être maniées ; c’est ce que nous avons montré plus haut. En cela et rien qu’en cela, se résume l’activité de la raison : quant à fournir le fond par ses propres moyens, cela lui est à jamais impossible. Elle ne possède que des formes : comme la femme, elle ne peut procréer, elle n’est faite que pour concevoir. Ce n’est pas le hasard qui, dans les langues latines comme dans les germaniques, a fait la raison du genre féminin et l’entendement du masculin.

Les locutions suivantes : « la saine raison l’enseigne, »