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VÉRITÉ MÉTALOGIQUE

que l’on ne se soit encore bien entendu ni sur leur formule ni sur leur nombre ; on est cependant parfaitement d’accord sur ce qu’ils doivent signifier d’une manière générale. Ce sont les suivants : 1° Le sujet est égal à la somme de ses attributs, ou a = a. 2° Un attribut ne peut pas être tout à la fois affirmé et nié d’un même sujet, ou a = — a = 0. 3° De deux attributs contradictoirement opposés, l’un doit convenir à tout sujet. 4° La vérité est le rapport d’un jugement à quelque chose en dehors de lui comme raison suffisante.

Une réflexion que j’appellerais volontiers un examen de la raison par la raison elle-même nous fait reconnaître que ces jugements expriment, les conditions de toute pensée et se fondent conséquemment sur elles. En effet, par l’inutilité des efforts qu’elle ferait pour penser contrairement à ces lois, la raison les reconnaît comme étant les conditions de la possibilité de penser, et nous trouvons alors qu’il est aussi impossible de penser contrairement à ces préceptes que de mouvoir nos membres dans une direction opposée à celle de leurs articulations. Si le sujet pouvait se connaître soi-même, nous reconnaîtrions ces lois directement sans avoir besoin de les éprouver d’abord sur des objets, c’est-à-dire sur des représentations. Il en est de même, sous ce rapport, des principes de jugements contenant la vérité transcendantale, qui n’arrivent pas non plus immédiatement à la connaissance, mais que nous devons reconnaître auparavant in concreto, au moyen d’objets, c’est-à-dire de représentations. Essayons, par exemple, de penser un changement sans une cause qui