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VÉRITÉ LOGIQUE

La question si c’est aussi une vérité matérielle reste indécise, et dépend de savoir si le jugement sur lequel il se fonde renferme une vérité matérielle ou si la série de jugements sur laquelle il s’appuie aboutit à une vérité de cette nature. Pour fonder ainsi un jugement sur un autre, il faut nécessairement les comparer entre eux ; ceci peut se faire soit directement par la conversion ou contraposition, ou encore par l’adjonction d’un troisième jugement, et alors la vérité de celui que l’on cherche à fonder ressortira du rapport des deux autres. Cette opération est le syllogisme complet. Il peut s’effectuer aussi bien par l’opposition que par la subsomption des notions. Le syllogisme, ayant pour objet de fonder un jugement sur un autre au moyen d’un troisième, n’opère donc jamais que sur des jugements ; ceux-ci n’étant que des enchaînements de notions abstraites qui, à leur tour, sont l’objet exclusif de la raison, on a dit très justement que le syllogisme était l’occupation propre de la raison. Toute la science syllogistique n’est autre chose que l’ensemble des règles pour l’application du principe de la raison aux jugements combinés ; c’est donc le code de la vérité logique.

C’est encore comme fondées sur un jugement qu’il faut considérer les propositions dont la vérité ressort des quatre lois connues de la pensée : car ces dernières ne sont elles-mêmes que des jugements d’où résulte la vérité des premiers. Par exemple, cette proposition : « Un triangle est un espace compris entre trois lignes, » a pour dernier principe celui de l’identité, c’est-à-dire la pensée même qu’il exprime. Cette autre proposition : « Aucun corps