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PRINC. DE LA RAISON SUFFISANTE DES CONNAISSANCES

de momentané, et de simple, communique ensuite la vie et l’esprit à tout l’exposé, quelque long qu’en puisse être le développement, comme une goutte du réactif convenable donne à toute la solution la teinte du précipité qu’il produit. Quand l’exposé possède une pareille substance, il ressemble au billet d’une banque qui a des espèces sonnantes en caisse ; toute autre, issue de simples combinaisons d’idées abstraites, est comme le papier d’une banque qui, pour couverture, n’a encore que du papier. Tout discours simplement raisonnable est une semblable manière d’exposer des conséquences qui résultent de notions données, exposé qui ne produit en réalité rien de nouveau et qu’on pourrait abandonner au jugement individuel de chacun, au lieu d’en remplir journellement de gros livres.

§ 29. — Principe de la raison suffisante de la connaissance.

Cependant le « penser », même dans son acception restreinte, ne consiste pas uniquement dans la conscience présente des notions abstraites, mais dans l’acte par lequel on en joint ou sépare deux ou plusieurs, sous différentes restrictions et modifications, qu’enseigne la logique dans la théorie des jugements. Un pareil rapport de notions, clairement pensé et exprimé, s’appelle un jugement. Or, à l’égard des jugements, le principe de la raison vient encore une fois faire valoir son autorité, mais