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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

donné ; par exemple, quand on l’applique aux forces naturelles en vertu desquelles seules ces changements sont possibles, ou à la matière sur laquelle ils s’effectuent, ou encore à l’ensemble de l’univers, auquel il faut attribuer pour cela une existence absolument objective et non pas seulement cette existence dont notre intellect est la condition, enfin aussi dans divers autres cas. Je renvoie à ce que j’ai dit à ce sujet dans Le monde comme volonté et représentation, vol. II, chapitre IV. Cet abus résulte toujours en partie de ce que l’on prend la notion de cause, comme bien d’autres notions en métaphysique et en morale, dans un sens trop large, et en partie de ce que l’on oublie que bien que la loi de la causalité soit une condition innée et qui rend seule possible la perception du monde extérieur, nous n’avons pas pour cela le droit d’appliquer ce principe, issu de la disposition propre de notre faculté de connaissance, à ce qui est en dehors et indépendant de celle-ci, comme s’il était l’ordre absolu et éternel du monde et de tout ce qui existe.

§ 25. — Le temps du changement.

Comme le principe de la raison suffisante du devenir ne peut s’appliquer qu’à des changements, nous devons mentionner ici que, dès l’antiquité, les philosophes se sont posé la question : À quel moment se produit le changement ? Ils se disaient qu’il ne pouvait se produire, ni pendant que le premier état dure encore, ni après que le