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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

la loi de causalité ne nous est pas connue expérimentalement, mais nous est donnée à priori. Le principe de la raison suffisante en général est l’expression, placée au plus profond de notre faculté de connaissance, de la forme fondamentale d’une liaison nécessaire entre tous nos objets, c’est-à-dire de la forme des représentations ; il est la forme commune de toutes les représentations et l’origine unique de la notion de nécessité qui n’a d’autre contenu et d’autre valeur que la production de l’effet quand sa cause est donnée. Si, dans la classe de représentations qui nous occupe et dans laquelle il se présente comme loi de causalité, ce principe déterminé l’ordre dans le temps, cela provient de ce que le temps est la forme de ces représentations et que, par conséquent, la liaison nécessaire apparaît ici comme règle de succession. Quand nous examinerons le principe de la raison suffisante sous ses autres aspects, la liaison nécessaire, réclamée partout, se présentera sous d’autres formes que le temps ; dès lors, elle n’apparaîtra plus comme succession, tout en conservant constamment le caractère de liaison nécessaire ; ce qui démontre bien l’identité du principe sous tous ses aspects divers, ou plutôt l’origine unique de toutes les lois dont le principe de la raison suffisante est l’expression.

Si l’assertion de Kant, contestée par moi, était exacte, nous ne pourrions reconnaître la réalité de la succession que par sa nécessité : ce qui supposerait un entendement embrassant simultanément toutes les séries de causes et effets, c’est-à-dire un entendement doué d’omniscience.