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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

fait pas que par là le corps lui-même se présente comme objet ; tout reste encore subjectif, c’est-à-dire sensation, jusque-là. C’est de celle-ci, il est vrai, que dérive la perception des autres objets, comme étant la cause de ces sensations ; après quoi ces causes apparaissent comme objets ; mais le corps lui-même n’apparaît pas comme tel, parce qu’il ne fournit à la conscience que des sensations. La connaissance objective du corps, c’est-à-dire sa connaissance comme objet, est également une connaissance médiate, car, pareil à tous les autres objets, il se représente à l’entendement ou au cerveau (ce qui est la même chose) objectivement, c’est-à-dire reconnu comme cause d’un effet subjectivement donné ; or ceci ne peut se faire que si ses parties agissent sur ses propres sens, donc si l’œil voit le corps, si la main le touche, etc., et c’est alors sur ces données que le cerveau ou l’entendement le construit dans l’espace, comme il le fait pour tous les autres objets, selon sa forme et sa qualité. — La présence immédiate des représentations de cette classe dans la conscience dépend donc de la position qui leur est assignée, pour chaque cas particulier, dans la succession de causes et d’effets qui enchaîne tout, et par rapport au corps du sujet qui connaît tout.

§ 23. — Contestation de la démonstration donnée par Kant concernant l’apriorité du concept de causalité.

Un des objets principaux de la Critique de la raison pure est d’exposer la validité absolue de la loi de causalité