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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

Kant, est un acte entièrement immédiat, qui s’accomplit sans le concours du rapport causal, ni de l’entendement par conséquent : il l’identifie directement avec la sensation. C’est ce qu’établit le passage suivant, loc. cit., p. 371 : « J’ai tout aussi peu besoin, en vue de la réalité des objets extérieurs, etc.[1], » comme, encore celui-ci, p. 372 : « On peut concéder, il est vrai, que, etc.[2]. » Il résulte bien évidemment de ces passages que, selon lui, la perception des objets extérieurs dans l’espace précède toute application de la loi de causalité ; que celle-ci n’est donc pas contenue dans l’autre comme son élément et sa condition ; la simple sensation est déjà la perception pour lui. En parlant de la perception, il ne mentionne la causalité que lorsqu’il s’agit de rechercher ce qui, entendu dans l’acception transcendantale, peut exister hors de nous, c’est-à-dire lorsqu’il est question de la chose en soi. En outre, Kant considère la loi de causalité comme contenue et comme possible uniquement dans la réflexion, ainsi donc

  1. Voici le passage entier : «  Il n'est pas plus nécessaire de raisonner par rapport à la réalité des objets extérieurs, qu'à l'égard de la réalité de l'objet de mon sens intime (de mes pensées), car ce ne sont des deux côtés que des représentations dont la perception immédiate (la conscience) est en même temps une preuve suffisante de leur réalité » (Trad. Tissot, tome II, p.79.) (Le Trad.)
  2. «  On peut bien accorder que quelque chose, qui peut être hors de nous dans le sens transcendantal*, est cause de nos intuitions extérieures, mais ce n'est pas l'objet que nous entendons sous les représentations de la matière et des choses corporelles, car cette matière, ces choses ne sont que des phénomènes, c'est-à-dire de simples représentations qui ne se trouvent jamais qu'en nous et dont la réalité ne repose pas moins sur la conscience immédiate que la conscience propre de nos pensées. » (Loc. cit., p. 80.) (Le Trad.)

    * J'ai maintenu ici pour ce mot l'orthographe constante de M. Tissot. (Le trad..)