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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

de la raison, ne diffère de cet entendement du plus bas étage que par le degré, et tous les échelons intermédiaires sont occupés par la série des animaux dont les espèces supérieures, comme le singe, l’éléphant, le chien, etc., nous surprennent par leur entendement. Mais invariablement l’office de l’entendement consistera toujours dans la connaissance immédiate des relations causales : d’abord de celles entre notre propre corps et les corps étrangers, d’où résulte la perception objective ; puis des relations mutuelles entre ces corps objectivement perçus ; dans ce dernier cas, ainsi que nous l’avons vu dans le paragraphe précédent, le rapport de causalité se présente sous trois formes différentes, savoir, comme cause, comme excitation et comme motif ; c’est par ces trois formes que tout mouvement se i produit dans le monde, et c’est par elles seules que l’entendement le conçoit. Si, de ces trois, ce sont les causes, dans l’acception la plus restreinte, dont la recherche ; l’occupe, alors il crée la mécanique, l’astronomie, la physique, la chimie ; il invente des machines propres au salut ou à la destruction ; mais c’est toujours, en dernière analyse, la connaissance immédiate et intuitive du rapport causal qui sert de base à toutes ses découvertes. C’est elle qui est la seule forme et la seule fonction de l’entendement ; ce n’est nullement ce mécanisme compliqué des douze catégories kantiennes, dont j’ai démontré le néant. — (Comprendre, c’est connaître immédiatement, et par conséquent intuitivement, l’enchaînement causal, bien que cette connaissance demande à être de suite déposée dans des notions abstraites afin d’être fixée. Aussi calculer