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APRIORITÉ DE LA NOTION DE CAUSALITÉ

deux moyens de faire perdre la vision par l’encéphale : 1° par les tubercules : c’est la perte du sens, de la sensation ; 2° par les lobes : c’est la perte de la perception, de l’intelligence. La sensibilité n’est donc pas l’intelligence ; penser n’est donc pas sentir ; et voilà toute une philosophie renversée. L’idée n’est donc pas la sensation ; et voilà encore une autre preuve du vice radical de cette philosophie. » Plus loin, à la page 77, sous ce titre : Séparation de la sensibilité et de la perception, Flourens ajoute : « Il y a une de mes expériences qui sépare nettement la sensibilité de la perception. Quand on enlève le cerveau proprement dit (lobes ou hémisphères cérébraux) à un animal, l’animal perd la vue. Mais, par rapport à l’œil, rien n’est changé : les objets continuent à se peindre sur la rétine ; l’iris reste contractile ; le nerf optique sensible, parfaitement sensible. Et cependant l’animal ne voit plus ; il n’y a plus vision, quoique tout ce qui est sensation subsiste ; il n’y a plus vision, parce qu’il n’y a plus perception. Le percevoir, et non le sentir, est donc le premier élément de l’intelligence. La perception est partie de l’intelligence, car elle se perd avec l’intelligence et par l’ablation du même organe, les lobes ou hémisphères cérébraux ; et la sensibilité n’en est point partie, puisqu’elle subsiste après la perte de l’intelligence et l’ablation des lobes ou hémisphères. »

L’intellectualité de la perception en général était déjà comprise par les anciens ; c’est ce que prouve ce vers célèbre de l’ancien philosophe Epicharme :