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APRIORITÉ DE LA NOTION DE CAUSALITÉ

une croix verte, son image m’apparaîtra d’autant plus grande que le plan auquel je la rapporterai sera plus éloigné, et d’autant plus petite qu’il sera plus rapproché. Car le spectre même occupe une portion déterminée et invariable de ma rétine : c’est la portion ébranlée auparavant par la croix rouge ; projeté au dehors, c’est-à-dire reconnu comme effet d’un objet extérieur, il donne naissance à un angle visuel donné une fois pour toutes ; supposons qu’il soit de 2° : si (ici où tout commentaire manque pour l’angle visuel) je le rapporte à une surface éloignée avec laquelle je l’identifie inévitablement comme appartenant à l’action de cette surface, alors la croix occupera 2° d’une sphère éloignée, par conséquent d’un grand diamètre, et par suite la croix sera grande ; si, au contraire, je projette la croix sur un plan rapproché, elle occupera 2° d’une petite sphère : elle m’apparaîtra donc petite. Dans les deux cas, la perception a une apparence parfaitement objective, en tout pareille à celle d’un objet extérieur ; mais, comme elle provient d’une cause entièrement subjective (c’est-à-dire du spectre provenant lui-même d’une cause tout autre) elle prouve ainsi l’intellectualité de toute perception objective. — Ce phénomène (que je me rappelle minutieusement et bien exactement avoir observé le premier en 1815) a été décrit dans les Comptes rendus du 2 août 1858, par Séguin, qui présente la chose comme une invention récemment faite et en donne toute sorte d’explications fausses et niaises. Messieurs les « illustres confrères » (sic) accumulent à chaque occasion expériences sur expériences ; et plus elles sont compliquées, mieux