Page:Schopenhauer - De la quadruple racine, 1882, trad. Cantacuzène.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

la sensation en perception consiste à construire des corps avec les simples surfaces obtenues jusqu’ici, donc à ajouter la troisième dimension : pour cela, partant de la loi de causalité comme prémisse, il conclut à l’étendue des corps dans cette troisième dimension, dans cet espace qu’il connaît à priori, et en proportion de leur impression sur l’œil et des gradations de lumière et d’ombre. En effet, bien que les objets occupent leurs trois dimensions dans l’espace, ils ne peuvent agir sur l’œil qu’avec deux d’entre elles : la nature de cet organe est telle que, dans la vision, l’impression n’est pas stéréométrique, mais simplement planimétrique. Tout ce qu’il y a de stéréométrique dans la perception, c’est l’entendement qui l’y ajoute : les seules données qu’il a pour cela sont la direction dans laquelle l’œil reçoit l’impression, les limites de cette impression, et les diverses dégradations du clair et de l’obscur ; ces données indiquent immédiatement leurs causes, et ce sont elles qui nous font reconnaître si c’est par exemple un disque ou une sphère que nous avons devant les yeux. Tout comme les précédentes, cette opération de l’entendement s’effectue si immédiatement et avec une telle rapidité qu’il n’en reste rien autre dans la conscience que le résultat. C’est pourquoi un dessin en projection est un problème tellement difficile, qui ne peut être résolu que d’après les principes mathématiques et qu’on doit apprendre avant de pouvoir l’exécuter, et cependant son objet n’est pas autre chose que la représentation de la sensation visuelle, telle qu’elle s’offre comme donnée pour cette troisième opération de l’entendement :