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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

sont donc, tout comme les points centraux, des places symétriquement correspondantes, autrement dit des places de même nom. L’entendement apprend bientôt à connaître celles-ci et étend jusqu’à elles aussi la règle de perception causale exposée ci-dessus ; il rapporte donc non seulement les rayons tombés sur le centre de chaque rétine, mais encore ceux qui frappent les autres places symétriquement correspondantes des deux rétines, à un même point radiant de l’objet, et par conséquent il perçoit tous ces points, c’est-à-dire l’objet tout entier, comme un objet unique. Il faut bien faire attention ici que ce n’est pas le côté extérieur d’une rétine qui correspond au côté extérieur de l’autre, et l’intérieur à l’intérieur ; mais c’est, par exemple, le côté droit de la rétine droite qui correspond au côté droit de la rétine gauche, et ainsi de suite ; cette correspondance symétrique doit donc être entendue dans le sens géométrique et non dans le sens physiologique. On trouvera dans l’Optique de Robert Smith, et en partie aussi dans la traduction allemande de Kæstner de 1755, des figures nombreuses et très claires qui démontrent parfaitement cette opération et les phénomènes qui s’y rattachent. Je n’en ai donné ici qu’une seule (voy. fig. 2), qui représente, à vrai dire, un cas tout spécial dont il sera fait mention plus loin, mais qui peut servir également à expliquer l’ensemble de l’opération si l’on fait abstraction complète du point R. On voit donc que nous dirigeons toujours uniformément les deux yeux sur un objet, afin de recevoir les rayons émanés des mêmes points sur les endroits des deux rétines qui se