ses actes antérieurs. (Voir Lettres édifiantes, 1819, t. VI, p. 149, et t. VII, p. 135.) Cette idée paraît se trouver au fond du dogme chrétien (et même paulinien) du salut par la grâce.
Une autre conséquence de ce qui précède, et qui le confirme entièrement au point de vue empirique, c’est que tous les véritables mérites, moraux aussi bien qu’intellectuels, ont non seulement une origine physique ou empirique, mais aussi une origine métaphysique ; ils existent donc a priori et non a posteriori, ce qui revient à dire qu’ils sont innés et non acquis, et ont leur racine non dans le pur phénomène, mais dans la chose en soi. Aussi chacun n’accomplit-il au fond que ce qui est irrévocablement fixé dans sa nature, c’est-à-dire dans son être inné. Sans doute, les facultés intellectuelles demandent à être cultivées, comme maint produit naturel demande à être dirigé, pour devenir comestible ou au moins utilisable ; mais, ici comme là, nulle direction ne peut remplacer la matière première. Pour cette raison, toutes les qualités purement acquises, apprises, affectées, c’est-à-dire les qualités a posteriori, qu’elles soient morales ou intellectuelles, sont à proprement dire inauthentiques, une vaine apparence sans réalité. Cela résulte d’une métaphysique correcte, et est enseigné aussi par un coup d’œil expérimental un peu profond. La chose est mise en évidence par l’importance que tous attachent à la physionomie et à l’extérieur — c’est-à-dire aux traits innés — de tout homme distingué à un titre quelconque, et par l’impatience où l’on est de le voir. Les natures superficielles, il est vrai, et, pour de bonnes raisons, les natures communes, seront de l’avis opposé, pour se flatter de