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l’unique solution du problème serait le despotisme des sages et des nobles d’une véritable aristocratie, d’une véritable noblesse, en vue de la génération, par le mariage des mâles les plus dignes avec les femmes les plus intelligentes et les plus intellectuelles. Cette idée est mon Utopie, ma République de Platon.

Les rois constitutionnels ont une ressemblance incontestable avec les dieux d’Épicure, qui goûtent dans les hauteurs de leur empyrée une félicité et un calme parfaits, sans se mêler des affaires humaines. Ils sont maintenant à la mode. Toute principauté allemande de douzième ordre offre une parodie complète de la constitution anglaise, avec Chambre haute et Chambre basse, y compris l’Habeas corpus et l’institution du jury. Ces formes, qui procèdent du caractère anglais et des conditions historiques anglaises, et qui présupposent celui-là et celle-ci, sont naturelles et accommodées au peuple anglais. Mais il est tout aussi naturel pour le peuple allemand d’être partagé en beaucoup de souches soumises à autant de princes régnants, avec, à leur tête, un empereur qui maintient la paix au dedans et représente au dehors l’unité du royaume ; car cet arrangement procède du caractère et des conditions historiques des Allemands. Je suis d’avis que si l’Allemagne ne veut pas subir le même destin que l’Italie, elle doit rétablir, et aussi effectivement que possible, la dignité impériale, supprimée par son ennemi acharné, le premier Bonaparte. Car l’unité allemande dépend d’elle et sera toujours, sans elle, simplement nominale, ou précaire. Mais comme nous ne vivons plus au temps de Gunther de Schwarz-