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gent et remanient à la fois leur auteur » ; notre traduction s’efforcera de reproduire aussi fidèlement que possible l’original. Nous ne nous astreindrons toutefois pas à suivre rigoureusement l’ordre des matières de l’ouvrage. Outre que cet ordre nous semble en effet assez discutable au point de vue logique, il a l’inconvénient d’éparpiller des sujets qui, groupés ensemble, ne peuvent que captiver d’autant plus l’intérêt des lecteurs. Nous pensons aussi que ceux-ci se promèneront plus à l’aise et avec plus d’agrément dans la vaste forêt d’idées de Schopenhauer, quand ils verront s’ouvrir devant eux des sentiers mieux alignés, tracés avec plus de régularité et de soin que primitivement. Ainsi donc, à la suite de ce premier volume : Écrivains et style, viendra une série d’autres volumes sous ces rubriques approximatives, que nous établirons une à une en son lieu : « religion », « philosophie et philosophes », « éthique », « droit et politique », « sur la nature humaine », « essai sur les apparitions », « opuscules divers », etc. En couronnant le tout par la traduction de La volonté dans la nature, travail très important qui, aujourd’hui encore, n’a rien perdu de son intérêt, et qui n’a pas non plus passé dans notre langue, cela fera environ sept ou huit volumes qui compléteront l’œuvre du grand philosophe allemand en français, et constitueront une sorte d’encyclopédie à la fois profonde et piquante, idéaliste et pratique, de presque tous les problèmes de l’existence humaine. Veuille la Nature, ce génie malicieux dont notre pessimiste a si subtilement dévoilé les ruses et les embûches, nous accorder encore le temps nécessaire pour mener à bien notre tâche !

Schopenhauer n’a pas donné lui-même d’édition complète de ses œuvres. Cependant, quand la gloire eut commencé à lui sourire, il songea à en préparer une. Déjà vieux à ce moment, et sentant qu’il fallait laisser là « les longs espoirs et les vastes pensées », il confia à son fidèle Frauenstædt le soin de transmettre à ses lieu et place à la postérité, s’il venait à disparaître avant d’avoir pu le faire lui-même, son « message » sous sa forme définitive. Dans un projet de préface pour l’édition en vue, il fulmine cet anathème contre