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vérencieusement un biographe anglais[1]. « Je suis vraiment heureux, lui écrivait-il alors, d’avoir vécu assez pour assister à la naissance de mon dernier enfant ; je considère désormais ma mission sur cette terre comme terminée. Je me sens réellement délivré d’un faix que j’ai porté en moi depuis ma vingt-quatrième année, et qui m’a été fort pénible. Nul ne peut s’imaginer exactement la chose[2]. »

L’ouvrage parut, en deux volumes, au mois de novembre 1851. Il en fut tiré 750 exemplaires. L’auteur en reçut 10 pour « solde de tout compte ».

Les Parerga et Paralipomena sont un recueil de mélanges qui se relient entre eux, par un fil organique d’ordinaire assez apparent, au système général du philosophe ; ils s’adressent à un public plus étendu que celui du Monde comme volonté et comme représentation ; mais ils ne constituent pas une œuvre populaire au sens exact du mot, comme se l’imaginent à tort ceux qui ne les ont pas lus. « Il va de soi, dit Schopenhauer dans une lettre à Frauenstædt, que j’écris avant tout pour les lettrés. De là, mes citations grecques et latines… Mais je ne suis populaire qu’en ce que je suis condescendant[3]. » À côté d’essais étendus tels que les Fragments de l’histoire de la philosophie, le pamphlet célèbre Sur la philosophie universitaire, les curieuses recherches Sur les apparitions, les excellents Aphorismes sur la sagesse dans la vie, La philosophie et la science de la nature, le prestigieux dialogue Sur la religion, le livre contient une série d’articles plus courts, qui portent sur les questions les plus variées : logique et dialectique, éthique, droit et politique,

  1. Frauenstædt avait reçu le coup de foudre schopenhauérien, en ouvrant par hasard le grand ouvrage du philosophe, dont « dix lignes lui apprirent plus que dix volumes de ceux qu’on vantait comme les plus grands maîtres ». L’ « apôtre » de Schopenhauer n’était d’ailleurs qu’une honnête intelligence sans aucune originalité, qui emboîtait le pas à celui-là comme le famulus Wagner l’emboîte à Faust. Et, pas plus que l’excellent Wagner derrière Faust, le candide Frauenstædt, derrière Schopenhauer, ne soupçonne Méphistophélès.
  2. Schopenhauer’s Briefe, p. 167.
  3. Schopenhauer’s Briefe, p. 173.